Corps au travail, corps travaillés
Le dossier de ce numéro 14 de la Nouvelle Revue du Travail sur « Corps au travail, corps travaillés » interroge la perte d’intérêt des sciences humaines pour le corps au travail : le déplacement du travail ouvrier – lui-même moins pénible physiquement – vers le travail des bureaux et des services a...
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Published in: | La Nouvelle revue du travail |
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Format: | Journal Article |
Language: | English |
Published: |
Nouvelle revue du travail
02-07-2018
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Summary: | Le dossier de ce numéro 14 de la Nouvelle Revue du Travail sur « Corps au travail, corps travaillés » interroge la perte d’intérêt des sciences humaines pour le corps au travail : le déplacement du travail ouvrier – lui-même moins pénible physiquement – vers le travail des bureaux et des services a fait glisser les centres d’intérêts de nos disciplines, y compris parce que la fatigue mentale a occupé, au moins en France, le premier plan de nombre de recherches. Enprenant appui sur des terrains contrastés, ce Corpus propose de questionner à nouveaux frais, l’enrôlement et l’engagement du corps au travail. En faisant dialoguer les sociologies du corps et du travail, c’est toute la palette des multiples expressions du corps travaillé qui se déploie : le corps énergie à laquelle renvoie la métaphore du « moteur humain » saisi comme un lieu de projection du pouvoir, le corps sensible vu comme puissance d’agir et rapport pratique au monde, le corps socialisé enchâssé dans les différents rapports sociaux se jouant dans le body work, ou encore, le corps « marchandise » pensé à travers les modes d’appropriation capitaliste dont il peut faire l’objet. Les six articles de ce Corpus rouvrent la boîte noire du corps au travail. Qu’il s’agisse des corps mobilisés par les scaphandriers travaux publics ou par les coursiers à vélo chez Deliveroo qui expérimentent de nouvelles techniques spatio-temporelles. Les corps des éducateurs spécialisés sont engagés à travailler (sur) les corps de « jeunes de quartier » ou d’enfants « intellectuellement déficients » et donnent à voir la variété des régimes de corporéité impliqués dans le travail social. Enfin, les corps des ouvriers de l’industrie et du BTP atteints de cancers ou ceux transformés en échantillons organiques par les biobanques révèlent comment le travail peut franchir les barrières de la peau. Dans la rubrique Varia, la rationalisation de la tournée des facteurs de La Poste a les effets attendus d’une automatisation d’un processus qui ne tient pas compte de la réalité du terrain et surcharge les journées : le remplacement d’un modèle fondé sur la confiance et la négociation chez les fonctionnaires d’hier par une prescription tendue contribue à une détérioration des conditions de travail de salariés aujourd’hui titulaires de contrats de droit privé. Le deuxième article analyse un paradoxe : aux États-Unis et ici à Oakland, ce sont plutôt les ouvriers travaillant dans le bâtiment qui choisissent leur patron ou leur employeur momentané, en raison d’une ethnicisation pratique de ceux-ci, c’est-à-dire par un classement plus ou moins explicite selon leurs qualités de patrons. Le troisième article montre comment des chômeurs sont radiés en Belgique parce que les voies de recherche d’emploi qu’ils utilisent ne correspondent pas aux normes administratives : en l’absence de preuves tangibles, ces pratiques ne sont pas reconnues comme légitimes et disqualifient certains chômeurs aux yeux de l’institution qui les exclut. La Controverse relance le débat sur le travail et l’émancipation. De Marx à aujourd’hui la dispute se situe autant dans le travail qu’au dehors du travail. Quatre spécialistes se penchent sur les perspectives d’une « émancipation laborale », c’est-à-dire sur les possibles ouverts ou à ouvrir dans le travail, à partir des questions extrêmement pointues de la NRT. Au-delà de la simple remise ne cause de l’organisation capitaliste du travail, les auteurs tracent des voies pertinentes et contemporaines d’une émancipation dans et par le travail. La rubrique Matériaux propose et débat autour d’un entretien, très distancié, réalisé avec Marie L. téléconseillère pour une grande mutuelle française. Entre non-reconnaissance, perte de sens, sentiment de déclassement et peur de trouver pire ailleurs, Marie aborde, dans une approche réflexive, nombre de thématiques du quotidien professionnel : rationalisation des opérations, santé au travail, tensions entre temporalités, relations de travail, système d’emploi, etc. Champs et contrechamps interroge deux sociologues à propos du film Nos batailles (2018) : au-delà de la qualité de la description du travail dans un atelier de logistique, le débat porte plutôt sur le rapport travail/hors-travail et plus particulièrement sur le non-partage des tâches domestiques... jusqu’au départ du foyer de l’épouse qui laisse les deux enfants à la charge du père. L’article souligne la cohérence des choix de cadrage et de mouvements de la caméra avec les contenus des séquences et avec les émotions que le réalisateur souhaite faire partager. Ce numéro de la NRT se clôt par une petite dizaine de recensions et de notes de lecture critiques. |
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ISSN: | 2495-7593 2263-8989 |
DOI: | 10.4000/nrt.3718 |