Quel dialogue social ?

Le chamboulement des relations professionnelles en France continue. D’un côté l’État dit vouloir moderniser les relations sociales pour les rendre plus efficaces, tout en cherchant à contourner les régulations centralisées, le Code du travail voire les forces syndicales elles-mêmes via le recours ac...

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Published in:La Nouvelle revue du travail
Main Authors: Abdelnour, Sarah, Alaluf, Mateo, Bingen, Aline, Bouffartigue, Paul, Brugière, Fabien, Cardi, François, Cousin, Olivier, Crasset, Olivier, Denis, Jean-Michel, Dressen, Marnix, Dunlop, John T, Durand, Jean-Pierre, Faulkner, Marcel, Gadrey, Jean, Giraud, Baptiste, Guillaume, Cécile, Heyer, Éric, Jacquot, Lionel, Laulom, Sylvaine, López Calle, Pablo, Mariscal, Vincent, Maugeri, Salvatore, Mias, Arnaud, Michel, Hélène, Nicod, Cécile, Nocerino, Pierre, Ponge, Rémy, Rey, Frédéric, Salin, Pascal, Vandewattyne, Jean, Verley, Elise, Vivés, Claire, Whyte, William F
Format: Journal Article
Language:French
Published: Nouvelle revue du travail 01-05-2016
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Description
Summary:Le chamboulement des relations professionnelles en France continue. D’un côté l’État dit vouloir moderniser les relations sociales pour les rendre plus efficaces, tout en cherchant à contourner les régulations centralisées, le Code du travail voire les forces syndicales elles-mêmes via le recours accru au référendum d’entreprise. De l’autre, le patronat qui trouve que les réformes ne vont jamais assez loin dans la dérégulation en matière de flexibilisation des emplois et de réduction des coûts du travail. Enfin, un syndicalisme quelque peu divisé, mais aussi écorné par des pratiques quotidiennes antisyndicales dans nombre d’entreprises ou d’administration : promotion des cadres syndicaux potentiels, ségrégation des syndicalistes répression... Dans ce chantier permanent, où l’on débat aussi de la représentativité des organisations syndicales des salariés et des patrons, un empilement de textes rend illisible le principe d’articulation des niveaux de la négociation et la possibilité ou non de déroger à un accord de niveau supérieur. Enfin, les gouvernements successifs font glisser les enjeux des négociations collectives de branche – là où la représentation syndicale est instituée – vers le « dialogue social » d’entreprise, là où les syndicats sont quelques fois affaiblis, voire inexistants dans les plus petites. Le rejet de la loi Travail en 2016 repose largement sur ce refus du transfert des lieux de négociations essentielles : en effet, en France, le syndicalisme d’entreprise est bien moins établi que dans les pays anglo-saxons par exemple. Le Corpus de ce numéro de La Nouvelle Revue du Travail analyse finement les significations de la priorité accordée aux négociations d’entreprise à partir de quelques cas emblématiques. Il donne aussi la parole à deux juristes expertes en la matière avant de proposer un texte inédit en français de J. T. Dunlop et W. F. Whyte sur les relations professionnelles dans l’Amérique de l’après-guerre. La Controverse a quelques liens avec ce Corpus puisqu’elle traite de la situation structurelle du chômage en France et de l’éventuel retour vers le plein emploi, en interrogeant la nature de ce plein emploi. Trois économistes aux orientations très contrastées analysent les causes du chômage et proposent des issues : des solutions libérales à celles accompagnant une autre croissance en passant par le keynésianisme, le lecteur se trouve confronté à un impossible dialogue. C’est aussi sur l’emploi que porte la rubrique Champs et contrechamps, en décortiquant deux documentaires (Pôle emploi ne quittez pas et Les Règles du jeu) sur deux services d’aide au retour à l’emploi. Deux modalités, l’une publique, l’autre privée, toutes deux financées par le service public, avec deux types d’approches et des moyens inégaux : de quoi percevoir la « modernisation » en cours des services publics et les défaillances qui en découlent pour les agents comme pour les usagers. La rubrique Varia revient, dans deux articles, sur la précarité et surtout sur ses fondements puis sur sa gestion dans deux secteurs bien différents : le travail ouvrier sur les pistes aéroportuaires, de plus en plus sous-traité, et le développement des indépendants dans le transport routier en Espagne, lequel conduit l’auteur à défendre le concept d’auto-exploitation. Dans Matériaux, nous interrogeons longuement Jean, ancien cadre dirigeant devenu ébéniste : qu’est-ce que manager dans une multinationale ? Avec une formation de Gadzarts, comment, en même temps, faire face aux difficultés quotidiennes du terrain et affronter PDG et actionnaires ? Enfin une quinzaine de recensions ou de notes de lecture présentent des ouvrages que nous avons eu plaisir à discuter.
ISSN:2495-7593
2263-8989
DOI:10.4000/nrt.2558