La polynomie la construction démocratique d’une langue

• Published in: Neuphilologische Mitteilungen Vol. 119; no. 2; pp. 297 - 308
• Main Author: Sorba, Nicolas
• Format: Journal Article
• Language: French
• Published: Modern Language Society 01-01-2018
• Subjects: Aufsätze
• ISSN: 0028-3754; 2736-9714

En 1983, au Colloque international des linguistes, à Aix-en-Provence, Jean-Baptiste Marcellesi présente une analyse de la glottogenèse comme un phénomène de tous les temps, de la « reconnaissance-naissance » et des langues polynomiques, notamment à propos du corse. La polynomie est un concept émanant d’une réflexion scientifique autour des notions de variation et d’individuation linguistiques qui part d’un constat, celui d’une attitude particulière des locuteurs d’une langue face à la variation linguistique. Le concept donne raison aux situations informelles en écoutant ce que le peuple fait. Lorsque Marcellesi rédige Pour une politique démocratique de la langue (1985), il décrit les enjeux d’une politique linguistique en Corse en prônant le bilinguisme, car le peuple est bilingue, et il défend la polynomie parce que les attitudes tolérantes qu’implique le concept sont patentes et émanent du peuple. Dans ce contexte, si la démocratie est relative à un régime politique dans lequel le peuple exerce la souveraineté, alors la polynomie doit être considérée comme un concept démocratique. D’ailleurs, à la question « …le concept de langue polynomique dans son rapport à la norme est plutôt un concept démocratique et incluant, qui cherche à éviter l’arbitraire, l’autorité, l’exclusion par la norme de référence ? » (Marcellesi et al. 2003 : 29), la réponse est explicite : « Ah oui ! ». Il est donc pertinent de mentionner que nous nous trouvons face à un acte politique qui donne le pouvoir au peuple. À cet égard, il aurait été réducteur de ramener la polynomie à une simple aventure linguistique.