Un apport physiologique en pomme chez des souris ApoE−/− module l’activité métabolique du microbiote intestinal mais n’a pas d’effet sur le développement de l’athérosclérose

• Published in: Nutrition clinique et métabolisme Vol. 32; no. 4; pp. 322 - 323
• Main Authors: Trenteseaux, C., David, A., Orsel-Baldwin, M., Andriantsitohaina, R., Nobecourt-Dupuy, E., Krempf, M., Ouguerram, K.
• Format: Journal Article
• Language: French
• Published: Elsevier Masson SAS 01-11-2018
• ISSN: 0985-0562; 1768-3092
• DOI: 10.1016/j.nupar.2018.09.191

La consommation de pommes semble avoir des effets préventifs contre les maladies cardiovasculaires. Les fibres et les polyphénols sont les principaux médiateurs des effets observés et pourraient moduler la composition et l’activité du microbiote intestinal [1]. Le but de l’étude était d’évaluer l’effet d’un apport physiologique en pomme sur l’activité du microbiote intestinal et le développement de l’athérosclérose.
Pendant 13 semaines, des souris ApoE−/− ont été nourries avec un régime contrôle (CTL, n=12) (A04, SAFE, Augy France), ou supplémentées avec 3,3mg de Granny Smith pelée lyophilisée/kg de nourriture (GS, n=9). Les souris ont été pesées. Les lésions athéromateuses ont été évaluées en mesurant le dépôt de lipides (coloration ORO) dans la racine aortique et dans l’ensemble de l’aorte. La longueur de l’intestin (grêle+colon) a été mesurée. Le contenu cæcal a été pesé et les acides gras courtes chaînes (AGCC) coliques ont été dosés par chromatographie en phase gazeuse. La concentration plasmatique en triméthylamine oxyde (TMAO) a été déterminée.
Après la supplémentation, les souris ApoE−/− soumises au régime GS ont un poids (33,2±4,0g vs 30,0±2,6g ; p<0,05) et une taille (9,9±0,4cm vs 9,3±0,5 ; p<0,05) significativement plus élevés que les souris CTL. Chez les deux groupes de souris, les lésions couvrent environ 10 % de l’aorte totale et 15 % de la racine aortique. Rapporté à la longueur des souris, l’intestin de celles soumises au régime GS est significativement plus court comparé au CTL (3,6±0,2 vs 4,0±0,3 ; p<0,01). Alors que le poids du contenu cæcal et la concentration des AGCC totaux ne semblent pas être modulés par le régime GS, on observe une augmentation de la quantité et de la proportion du butyrate (5,5±1,4mg/g vs 4,3±0,8mg/g ; p=0,06 soit 20,1±6,5 % vs 13,9±5,6 % ; p=0,08) au profit de l’acétate (64,5±4,6 % vs 68,7±3,5 % ; p=0,06). Dans le plasma, nous observons aussi une augmentation en TMAO chez les souris GS (4,7±1,6μM ; p<0,05) par rapport au CTL (2,8±1,5μM).
Le butyrate et la TMAO sont deux métabolites produits par le microbiote intestinal. Le butyrate, augmenté chez les souris GS, semble pouvoir diminuer la progression de la plaque d’athérome en réduisant le stress oxydant [2]. À l’inverse, l’augmentation de la concentration en TMAO a été corrélée avec le développement de l’athérosclérose [3]. Dans notre étude, son augmentation chez les souris GS ne semble pas avoir d’effet sur le développement de l’athérosclérose. Nous pouvons éventuellement évoquer l’utilisation d’une trop faible supplémentation pour expliquer l’absence d’effet dans notre étude. De plus, nous avons pris le parti de peler nos pommes pour reproduire la situation du consommateur qui enlève la peau. Celle-ci peut contenir une quantité élevée de pesticides mais contient aussi une grande majorité de fibres et de polyphénols.