De la voix des exilés à la musique de l’exil : lutter contre l’irréversible dans les romans d’après-guerre de Cosmas Politis

L’arrachement à un endroit familier et le désir d’y retourner constituent les thèmes centraux des trois derniers romans de Kosmas Politis, Yiri paru en 1944, l’ouvrage À Hatzifrango, édité en 1963, et le récit inachevé Terminus publié à titre posthume en 1975. Le romancier y met en scène, à Smyrne o...

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Published in:Cahiers balkaniques (Paris) Vol. Hors-série
Main Author: Marché, Claire
Format: Journal Article
Language:English
Published: Centre d'Études Balkaniques 2024
Subjects:
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Description
Summary:L’arrachement à un endroit familier et le désir d’y retourner constituent les thèmes centraux des trois derniers romans de Kosmas Politis, Yiri paru en 1944, l’ouvrage À Hatzifrango, édité en 1963, et le récit inachevé Terminus publié à titre posthume en 1975. Le romancier y met en scène, à Smyrne ou à Patras, des réfugiés d’Asie Mineure ou des narrateurs eux-mêmes déracinés. Politis donne avant tout à entendre les voix de ces présences invisibles, voix dont l’origine est incertaine. Leurs paroles trouvent un point d’ancrage dans l’adresse à un destinataire, nécessaire témoin d’une existence disparue, mais aussi d’une mémoire en pleine élaboration. De fait, les récits mettent l’accent sur la difficulté à représenter un endroit à jamais détruit et sur le caractère artificiel et éphémère des images reconstituées. Les paradigmes musicaux des deux derniers récits de Politis et, de manière générale, l’importance des références musicales, seraient à interpréter comme une métaphore. En effet, à travers la musique, art qui rend possible une réécoute de notes irréversiblement liées et progressant dans un temps linéaire, le romancier grec dote ses romans d’une force consolatrice et lucide universelle. Kosmas Politis’ last three novels, Yiri (1944), In Hatzifrango (1963), and the unfinished Terminus (published posthumously in 1975), revolve around the themes of uprooting and the desire to return to a familiar place. The novels portray refugees from Asia Minor in Smyrna or Patras, or narrators who have themselves been uprooted. Politis gives to these invisible presences a voice which origins are uncertain. They address a recipient, only fix point at their disposal, who can witness their vanished former life and receive the narrative of their memories. The stories highlight the challenge of representing a place that is forever destroyed and the fleeting nature of reconstructed images. The last two Politis stories use musical paradigms and references as a possible metaphor. Indeed, music is an art that allows the replay of notes that are irreversibly linked and that progresses in linear time. The Greek novelist employs this art to endow his novels with a universal, consoling, and lucid strength.
ISSN:0290-7402
2261-4184
DOI:10.4000/12l9b