Étude du positionnement professionnel des médecins généralistes face à la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique en médecine de ville : une étude qualitative à partir de 23 entretiens individuels

L’ostéoporose post-ménopausique est une maladie silencieuse dont la principale conséquence est la fracture. L’augmentation de son incidence, ainsi que ses conséquences individuelles et collectives en font un enjeu majeur de santé publique. Sa prise en charge a évolué, avec des procédures diagnostiqu...

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Bibliographic Details
Published in:Revue du rhumatisme (Ed. française : 1993) Vol. 89; pp. A175 - A176
Main Authors: Spielmann, L., Heimendinger, F., Messer, L., Javier, R.M.
Format: Journal Article
Language:French
Published: Elsevier Masson SAS 01-12-2022
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Description
Summary:L’ostéoporose post-ménopausique est une maladie silencieuse dont la principale conséquence est la fracture. L’augmentation de son incidence, ainsi que ses conséquences individuelles et collectives en font un enjeu majeur de santé publique. Sa prise en charge a évolué, avec des procédures diagnostiques bien codifiées et la disponibilité de traitements de plus en plus efficaces. Elle reste sous diagnostiquée et sous traitée [1]. Les médecins généralistes sont la clé de voûte du dépistage et de l’orientation des patients, nous avons cherché à évaluer leur positionnement professionnel face à la prise en charge de l’ostéoporose post-ménopausique. Le positionnement professionnel est le processus de réflexion qui conduit à une prise de décision dans une situation particulière, il répond ici aux questions : « Quel est mon rôle face à cette pathologie, et comment le remplir ? » [2]. Les objectifs secondaires du travail étaient de préciser les représentations de la maladie, les craintes et les freins qui pourraient en limiter la prise en charge. Nous avons réalisé une étude qualitative à partir d’entretiens semi-dirigés, de juillet 2020 à février 2021, auprès de médecins généralistes alsaciens choisis aléatoirement. Les entretiens ont été menés jusqu’à saturation des données. Afin d’évaluer la validité de l’étude, la grille COREQ (Consolidated criteria for reporting qualitative research) a été utilisée. Le logiciel Nvivo a été utilisé pour catégoriser les données recueillies. Deux personnes ont effectué le codage des données de façon indépendante. Vingt-trois médecins généralistes ont été interrogés. Tous s’accordaient sur leur place centrale dans le dépistage de l’ostéoporose, mais nombreux étaient conscients du caractère non optimal de leur prise en charge. L’ostéoporose était associée à une fragilité osseuse et à un risque augmenté de fracture. Certains médecins évoquaient la gravité de la maladie, d’autres la qualifiaient de bénigne, sans conséquence. Les principaux freins identifiés dans la prise en charge étaient un manque de connaissance global de la pathologie, un manque d’intérêt, une minimisation de sa gravité, un manque d’expérience et de temps en consultation. Le maniement des outils diagnostics et thérapeutiques (indication, prescription, suivi) était jugé problématique. Les molécules thérapeutiques et leurs modalités d’utilisation n’étaient pas toujours connues, certains médecins émettaient des doutes sur l’efficacité des traitements et sur la pertinence des nouvelles recommandations. L’absence de rôle défini entre spécialistes, et le manque de communication entre eux constituait une autre difficulté. Certains médecins enfin, évoquaient des difficultés en lien avec les patients (inobservance, poly-médication, mauvaise compréhension). L’étude du positionnement professionnel des médecins généralistes face à l’ostéoporose, ainsi que celle des représentations et freins en rapport, permet d’apporter des éclairages sur la discordance entre les moyens disponibles dans cette pathologie, et l’impact modeste des prises en charges constaté. Le positionnement professionnel, la perception de la maladie et sa prise en charge étaient très hétérogènes parmi les médecins interrogés. La place centrale du médecin généraliste était reconnue par une majorité mais beaucoup reconnaissaient une prise en charge non optimale. L’étude des freins cités pourrait permettre de développer des solutions multi-étagées afin d’améliorer la prise en charge des patients ostéoporotiques. L’étude du positionnement professionnel des autres acteurs concernés permettrait une cartographie de l’écosystème de santé dans cette pathologie fréquente.
ISSN:1169-8330
DOI:10.1016/j.rhum.2022.10.260