Impact socio-économique du déversement de déchets toxiques à Abidjan en 2006 à l’échelle des ménages

Résumé En août 2006, des déchets toxiques importés par un navire vraquier polyvalent ont été déversés en 14 endroits répartis sur sept sites dans différents quartiers du district d’Abidjan, provoquant une catastrophe environnementale avec la mort d’une dizaine de personnes, l’hospitalisation de quel...

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Published in:Bulletin de la Société de pathologie exotique Vol. 104; no. 1; pp. 14 - 19
Main Authors: Koné, B. A., Tiembré, I., Dongo, K., Tanner, M., Zinsstag, J., Cissé, G.
Format: Journal Article
Language:French
Published: Paris Springer-Verlag 01-02-2011
Springer
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Description
Summary:Résumé En août 2006, des déchets toxiques importés par un navire vraquier polyvalent ont été déversés en 14 endroits répartis sur sept sites dans différents quartiers du district d’Abidjan, provoquant une catastrophe environnementale avec la mort d’une dizaine de personnes, l’hospitalisation de quelques dizaines d’autres et des troubles nécessitant plusieurs dizaines de milliers de consultations médicales. Face à cette situation, les autorités sanitaires et administratives décidèrent d’un certain nombre de mesures de protection, notamment la destruction de cultures autour des points de déversement. En vue d’apprécier l’impact psychologique et socio-économique, ainsi que son ampleur spatiale, nous avons entrepris une enquête transversale multidisciplinaire dans les quartiers abritant des sites de déversement, du 19 octobre au 8 décembre 2006, en utilisant la méthode d’échantillonnage par transect. L’enquête, réalisée par questionnaire, a concerné 809 ménages répartis dans les différents quartiers de déversement des déchets toxiques. Plus de 62 % des ménages visités ont abrité au moins un individu affirmant avoir souffert des déchets toxiques (501 ménages affectés). 62,5 % des « ménages affectés » habitaient la commune de Cocody (qui comptait deux sites et quatre points de déversement), 30,1 % la commune d’Abobo (deux sites et trois points) et 7,4 % la commune de Koumassi (un site et un point). Pour fuir les nuisances et les risques encourus, 22,8 % des 501 ménages « affectés » ont dû déménager de leurs domiciles. Pour faire face aux conséquences sanitaires engendrées par cette pollution, 30,5 % des ménages « affectés » ont engagé des dépenses. Celles-ci ont été en moyenne de 92 450 FCFA (=141 €), avec des extrêmes de 1 000 FCFA (= 1,5 €) et de 1 500 000 FCFA (= 2 287 €). Les mesures de destruction des cultures et des fermes proches des points de déversement des produits toxiques dans un rayon de 200 m prises par les autorités n’ont touché que 2,2 % des ménages. Par ailleurs, notre étude a établi que la « zone d’influence » des déchets toxiques allait bien au-delà des 200 m prescrits par les autorités comme limite des opérations de destruction, ce qui a exacerbé le sentiment d’iniquité de lamesure pour les ménages qui ont été victimes, sans que des mesures de compensation n’aient suivi. Les conditions socio-économiques déjà précaires de nombreux ménages ont ainsi été lourdement bouleversées.
ISSN:0037-9085
1961-9049
DOI:10.1007/s13149-010-0127-z