Une hétérotopie de la parole subalterne : les grins de thé à Ouagadougou (Burkina Faso)

À Ouagadougou (Burkina Faso), les grins de thé consistent en la réunion de jeunes hommes (dans la majorité des cas) se réunissant à des horaires variables pour boire du thé et discuter. Ils investissent alors des espaces inoccupés constituant des espaces de sociabilité, à la fois refuge et espace-re...

Full description

Saved in:
Bibliographic Details
Published in:Annales de géographie Vol. 729-730; no. 5; pp. 90 - 109
Main Author: Lefebvre, Félix
Format: Journal Article
Language:French
Published: Armand Colin 2019
Subjects:
Online Access:Get full text
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!
Description
Summary:À Ouagadougou (Burkina Faso), les grins de thé consistent en la réunion de jeunes hommes (dans la majorité des cas) se réunissant à des horaires variables pour boire du thé et discuter. Ils investissent alors des espaces inoccupés constituant des espaces de sociabilité, à la fois refuge et espace-ressource, où les hiérarchies qui structurent habituellement les rapports sociaux s’estompent. S’ils ne sont pas nécessairement considérés comme des lieux politiques par leurs usagers, le registre du politique est bien présent dans les valeurs mobilisées autour du grin et dans la pratique même qu’ils constituent. En cela, les grins constituent des hétérotopies.Les grins peuvent être considérés comme des « arènes » où se constituent les problèmes publics, à travers la discussion collective, mais n’apparaissant pas comme une instance légitime de débat politique. Le grin représente donc une arène illégitime où se construit une « citadinité subalterne ». Cet article interroge donc les processus de subjectivation politique liés à des pratiques spécifiques de l’espace urbain, sans nécessairement apparaître dans l’espace public du discours. La citadinité y est considérée dans son aspect processuel, l’espace de la ville permettant aux individus de se constituer comme sujets politiques. Nous interrogerons l’existence d’un continuum de la parole politique, dont l’expression publique dépendrait des possibilités de négociations avec l’ordre social, et des rapports de force qui le produisent. In fine , nous nous demandons si les pratiques infra-politiques de l’espace par les dominés ne permettent pas d’appuyer la construction d’actions collectives autour de ces questions.
Bibliography:Droit à la ville au Sud et construction des légitimités ordinaires
ISBN:2200932219
9782200932213
ISSN:0003-4010
1777-5884
DOI:10.3917/ag.729.0090