La grande simulatrice : un diagnostic restant d’actualité

La neurosyphilis est une pathologie infectieuse rare, venue d’un autre temps mais toujours d’actualité, qu’il faut penser à évoquer devant tout tableau neurologique inexpliqué d’installation subaiguë. Il s’agit du cas d’un patient de 49 ans, franco-allemand, hospitalisé au CHU de Strasbourg pour un...

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Published in:Revue neurologique Vol. 174; p. S136
Main Authors: Fahrer, Pauline, Gebus, Odile, Nguyen, Alexis, Boukbiza, Ouhaid Lagha, Anheim, Mathieu, Tranchant, Christine
Format: Journal Article
Language:French
Published: Elsevier Masson SAS 01-04-2018
Subjects:
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Description
Summary:La neurosyphilis est une pathologie infectieuse rare, venue d’un autre temps mais toujours d’actualité, qu’il faut penser à évoquer devant tout tableau neurologique inexpliqué d’installation subaiguë. Il s’agit du cas d’un patient de 49 ans, franco-allemand, hospitalisé au CHU de Strasbourg pour un tableau neurologique complexe associant des céphalées, des troubles cognitifs à type de troubles dysexécutifs et d’aphasie non fluente, un syndrome cérébelleux prédominant à l’hémicorps gauche, des mouvements anormaux choréo-dystoniques et des dyskinésies buco-linguo-faciales. Ces troubles se sont installés de manière subaiguë sur quelques mois et s’aggravent progressivement. L’IRM cérébrale retrouve une atrophie cortico-sous-corticale diffuse prédominant en fronto-temporal gauche. Une origine neurodégénérative est initialement suspectée. Finalement, la ponction lombaire retrouve une méningite lymphocytaire (58 cellules et hyperprotéinorachie à 0,59g/L) avec une distribution oligoclonale des immunoglobulines. La sérologie syphilitique est positive dans le sang et la PCR syphilis est positive dans le liquide céphalo-rachidien (LCR), posant le diagnostic de neurosyphilis. Le patient est traité par pénicilline G avec un relais par céphalosporine de troisième génération pour une période totale de traitement de 4 semaines. L’évolution clinique est favorable avec une résolution des mouvements anormaux et du syndrome cérébelleux. Le syndrome dysexécutif et les troubles phasiques persistent après plusieurs mois d’évolution mais sont en constante amélioration. La neurosyphilis concerne 4 à 10 % des patients atteints d’une syphilis primaire non traitée. La présentation clinique neurologique est très polymorphe. Le diagnostic se fait grâce à l’analyse du LCR. Le traitement comprend habituellement une antibiothérapie par pénicilline G bien qu’il n’y ait pas de recommandations officielles. Le pronostic est variable et dépend principalement de la rapidité d’introduction du traitement. Il s’agit d’un cas original de neurosyphilis révélé par un tableau de type démence frontotemporale avec aphasie progressive. C’est l’une des rares causes de démence curable, à ne pas oublier.
ISSN:0035-3787
DOI:10.1016/j.neurol.2018.01.309