Arcésilas dans le Lucullus de Cicéron
La thèse de l’α᾽δοξαστιʹα du sage est d’une importance cruciale dans l’histoire de l’Académie sceptique, comme le montre le Lucullus cicéronien. Au § 16, Lucullus accuse Arcésilas de tenter de démolir les définitions zénoniennes et de recouvrir de ténèbres les choses les plus claires, accusation dan...
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Published in: | Revue de métaphysique et de morale (Paris, France : 1945) Vol. 57; no. 1; pp. 21 - 44 |
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Format: | Journal Article |
Language: | French |
Published: |
Paris
Presses Universitaires de France
01-01-2008
Presses universitaires de France |
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Summary: | La thèse de l’α᾽δοξαστιʹα du sage est d’une importance cruciale dans l’histoire de l’Académie sceptique, comme le montre le Lucullus cicéronien. Au § 16, Lucullus accuse Arcésilas de tenter de démolir les définitions zénoniennes et de recouvrir de ténèbres les choses les plus claires, accusation dans laquelle l’opposition évident/non évident est implicite. La défense de l’ε᾽ναʹργεια par Antipater montre que celle-ci avait été violemment attaquée par des philosophes antérieurs ou au moins contemporains qui, pour des raisons évidentes, ne pouvaient pas être des Pyrrhoniens. Il est significatif que la conduite permettant d’éviter la position du omnia incerta au § 32 est la même que celle recommandée au § 17 à l’égard de ceux qui, étant les démolisseurs de l’ε᾽ναʹργεια, n’approuvent rien. Cela renforce l’hypothèse selon laquelle les partisans de la position du omnia incerta du § 32 étaient Arcésilas et ses successeurs, probablement Lacyde. La distinction entre « ce qui n’est pas évident » et « ce qui ne peut pas être perçu » laisse un espace pour le probable à l’intérieur du champ éthique, puisque le sage, interrogé sur l’action morale, ne répond pas qu’il ne sait pas « comme s’il était interrogé sur le fait de savoir si le nombre des étoiles est pair ou impair ». Mais si la réponse à l’accusation de vouloir tout rendre non évident est défendue par l’introduction du probable, la philosophie d’Arcésilas ne peut soutenir l’accusation. L’abandon de l’ε᾽ποχη` περι` παʹντων par Carnéade implique une évolution inévitable du sens d’« opinion ». Une fois admis que toutes les choses sont α᾽καταʹληπτα, mais que toutes ne sont pas α῞δηλα, puisque sur le plan de l’action nous utilisons, ou suivons, des représentations probables, la proposition « le sage ne doit pas opiner » devait être réinterprétée. À partir de là, on ne peut exclure que Cicéron considère comme indéfendable le scepticisme radical d’Arcésilas, le promoteur de l’ε᾽ποχη` περι` παʹντων, précisément sur la base des objections avancées par les dogmatiques à la thèse du omnia incerta (§ 32). |
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Bibliography: | Cicéron |
ISBN: | 2130567924 9782130567929 |
ISSN: | 0035-1571 2102-5177 |
DOI: | 10.3917/rmm.081.0021 |