Mycosis fongoïde et facteurs de risque professionnels : étude cas-témoins

L’étiopathogénie du mycosis fongoïde (MF) est multifactorielle. L’origine professionnelle de ce type de lymphome a été évoquée par de nombreux auteurs. Cependant, l’association entre ces facteurs et la survenue de MF reste jusqu’à nos jours controversée. Dans ce contexte, nous avons réalisé une enqu...

Full description

Saved in:
Bibliographic Details
Published in:Annales de dermatologie et de vénéréologie Vol. 145; no. 12; p. S276
Main Authors: Fki, A., Mseddi, M., Hajjaji, M., Kotti, N., Turki, H., Masmoudi, M.L.
Format: Journal Article
Language:French
Published: Elsevier Masson SAS 01-12-2018
Subjects:
Online Access:Get full text
Tags: Add Tag
No Tags, Be the first to tag this record!
Description
Summary:L’étiopathogénie du mycosis fongoïde (MF) est multifactorielle. L’origine professionnelle de ce type de lymphome a été évoquée par de nombreux auteurs. Cependant, l’association entre ces facteurs et la survenue de MF reste jusqu’à nos jours controversée. Dans ce contexte, nous avons réalisé une enquête dont l’objectif était d’identifier les éventuels facteurs professionnels incriminés dans la genèse de cette affection. Étude de type cas-témoin, portant sur 28 cas de mycosis fongoïde pris en charge au service de Dermatologie durant la période allant de début de l’année 2003 à la fin de l’année 2017 et 56 témoins recrutés dans le même service. Les informations étaient recueillies à travers une fiche synoptique, détaillant les caractéristiques sociodémographiques des patients, le mode de vie, l’histoire professionnelle en tenant compte des différentes expositions professionnelles et des données médicales des patients. Dans notre étude, il y avait une prédominance masculine avec un sex-ratio de 2,2. L’âge moyen de nos cas était de 56,32 ans. Plus de la moitié de nos cas exerçait dans des secteurs à risques versus 25 % des témoins avec une différence statistiquement significative (p=0,004 ; OR=4 ; IC95 % [10,41–1,52]). En effet, le risque de MF était plus élevé chez ceux qui ont exercé dans le secteur de pétrochimie (p=0,013 ; OR=3,23 ; IC95 % [2,33–4,48]) et dans le secteur textile (p=0,026 ; OR=5,88 ; IC95 % [1,06–3,22]). Nous avons noté des associations significatives entre le MF et l’exposition aux pesticides (p=0,026, OR=5,87 ; IC95 % [1,06–32,48]), l’exposition aux solvants (p=0,009, OR=5,88 ; IC95 % [1,39–24,95]), l’exposition aux poussières textiles (p=0,026, OR=5,87 ; IC95 % [1,06–32,48]) et l’exposition aux gaz d’échappement Diesel (p=0,008, OR=5,2 ; IC95 % [1,4–19,2]). Au terme de notre enquête, comme dans la littérature, plusieurs facteurs professionnels semblent être incriminés dans la survenue de mycosis fongoïde. Certains secteurs professionnels sont considérés à risque pour la survenue de MF tel que l’agriculture, la peinture, la menuiserie, la pétrochimie, ainsi que le secteur textile. L’étude des différentes expositions professionnelles aux produits incriminés dans la littérature dans la genèse de MF (pesticides, silice, les radiations, les ondes électromagnétiques, les solvants et les gaz anesthésiques) est concordante chez nos malades bien que les expositions aux gaz d’échappement Diesel et aux poussières textiles n’étaient pas rapportées dans la littérature comme des facteurs de risque de MF. L’incrimination de facteurs de risque professionnels dans la genèse du MF justifie une prévention adéquate,entre autres une mise en place d’une stratégie pour supprimer ou du moins réduire le risque cancérogène et un renforcement de la surveillance médicale périodique notamment dans les secteurs à risque.
ISSN:0151-9638
DOI:10.1016/j.annder.2018.09.436